mercredi 24 janvier 2018

Décharge de Médiouna, à quand la fermeture?

La commune de Médiouna abrite, depuis plus de 30 ans, la décharge principale de Casablanca.
Cette décharge de 70 hectares reçoit, quotidiennement, plus de 3500 tonnes de déchets domestiques, en plus des déchets hospitaliers, industriels, etc.

Sa fermeture était prévue pour 2010, avec l’ouverture d’une nouvelle décharge contrôlée aux normes internationales, mais depuis rien n’a été fait. A chaque fois qu’une date de fermeture est annoncée, elle est ensuite décalée de 6 mois, et jusqu’à présent aucune date n’est officiellement retenue. Une chose est sûre, ce dossier est un véritable casse-tête pour les élus de la région depuis des années, et traduit un échec dans leur gestion.
Aujourd’hui, les habitants de Médiouna et de la ville verte de Bouskoura n’en peuvent plus de cette décharge et tous les problèmes qu’elle engendre.
En effet, les écoulements de lixiviats ne sont plus du tout maîtrisés, d’où la création de nombreux bassins pollués à l’extérieur du site. La putréfaction engendre des odeurs insupportable et vapeurs irritantes, susceptibles de provoquer des allergies voire des pneumonies. L’incinération des déchets crée des nuages noirs qui recouvrent toute la région, au grand dam des riverains.
D’ailleurs, il y a quelques mois, ces derniers ont écrit une pétition, à l’adresse de M. Abdelaziz Omari, Maire de Casablanca, où ils font part de leur ras-le-bol et appellent à fermer la décharge de Médiouna.
« Nous, habitants de la ville verte de Bouskoura, habitants de Californie et du quartier de Médiouna, dénonçons la pollution quotidienne subie à cause des tonnes d’ordures brûlées à la décharge Médiouna. Nous inhalons tous les jours les fumées toxiques et l’odeur nauséabonde émanant de la décharge et vous tenons responsable des conséquences sur notre santé et celle de nos enfants. Aussi, nous demandons, de manière légitime et ferme la fermeture de cette décharge et l’ouverture d’une décharge écologique… En attendant le déménagement, nous demandons l’interdiction totale du brûlage et de l’incinération sauvage et illégale des ordures… », peut-on lire sur la pétition disponible sur Avaaz.org.
Pourtant, tant qu’il n’y aura pas de solution alternative, la décharge ne pourra pas être fermée!
Une anarchie totale
Si les habitants de Médiouna et de ses alentours ont hâte que cette décharge ferme, parce qu’elle constitue un danger permanent pour leur santé et celle de leurs enfants, ce n’est pas le cas de tous!
En effet, il existe une autre population qui, elle, vit de cette décharge : les récupérateurs. Ces derniers, qui bénéficiant du soutien d’élus locaux, résistent à cette fermeture qui risque de mettre fin à leur business.
Ils sont plus de 700 récupérateurs à trainer dans la décharge jour et nuit, et à y faire la loi. Présents sur le site depuis très longtemps, personne n’a jamais réussi à les évacuer et pour cause, ils sont capables de bloquer la route aux camions à ordures et créer ainsi une crise dont Casablanca se passerait volontiers.
Cette activité de récupération fait vivre directement et indirectement des milliers de personnes, et rapporte à chacun entre 200 et 1000 dirhams par jour.
A côté, il y a les risques d’accidents, notamment lorsque les bennes sont vidées et que les récupérateurs sont regroupés autour, dans une logique du premier venu premier servi.
La décharge connait une activité intense toute la journée, notamment avec le va-et-vient de véhicules qui déposent ou récupèrent des déchets… ceci sans un vrai contrôle des autorités qui laissent libre cours aux récupérateurs.
On ne peut pas nier que ces derniers allègent la décharge de près d’un tiers de ses déchets, mais à quel prix?
En plus de ces récupérateurs, la décharge accueille également plusieurs centaines de moutons et de vaches qui se nourrissent des déchets organiques, et sont ensuite revendus au citoyen durant la période de l’Aid Al Adha.
Au final, ce sont les riverains qui payent le prix fort.

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