dimanche 22 janvier 2017

Une gestion préventive des déchets, primordiale pour limiter l’impact de la pollution urbaine

Une gestion écologique des déchets, basée sur le principe de la prévention, est primordiale pour limiter l’impact de la pollution d’origine urbaine, notamment celle résultant du déversement des eaux usées et du dépôt des déchets solides ménagers, qui constituent l’une des principales pressions que subissent l’eau et les milieux aquatiques, a indiqué M. Mohamed Oubalkace, chargé de mission auprès du directeur de la Recherche et de la Planification de l’eau, au ministère délégué chargé de l’Eau.
Notant, dans un entretien accordé à la MAP, que les études menées par le ministère délégué chargé de l’Environnement, en collaboration avec la Banque Mondiale, estiment que les déchets solides municipaux coûtent à la collectivité nationale 3,5 milliards de DH par an, soit près de 0,4 pc du PIB, M. Oubalkace a mis en avant l’importance de la gestion écologique des déchets, basée sur le principe de la prévention.
Il a, dans ce sens, préconisé la réduction de la pollution à la source, en adoptant des comportements et des modes de production et de consommation générant moins de déchets, en considérant les déchets comme un gisement à exploiter à travers “le recyclage des matières et la valorisation de tous ce qui est valorisable” et en ne mettant en décharge que les déchets “ultimes”, non recyclables et non valorisables.
“Cela nécessite l’adoption d’une politique dissuasive et incitative et la mise en place d’un cadre réglementaire et institutionnel adéquat, une organisation adaptée et des instruments économiques destinés à inciter et à orienter les comportements vers une gestion écologique des déchets”, a insisté M. Oubalkace, ajoutant qu’il s’agit là d’une vision globale qui se décline à travers le Programme national de gestion des déchets ménagers (PNDM) et l’arsenal juridique mis en place, notamment la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination et la loi 77-15 portant interdiction de la fabrication, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation et de l’utilisation des sacs en matières plastiques.
Le PNDM lancé en 2007 par le ministère délégué chargé de l’Environnement et le ministère de l’Intérieur, avec l’appui de la Banque Mondiale vise, à l’horizon 2020, à assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de 90pc, réaliser des centres d’enfouissement et de valorisation au profit de tous les centres urbains, réhabiliter ou fermer toutes les décharges existantes et développer la filière de “tri-recyclage-valorisation”, avec des actions pilotes de tri, pour atteindre un taux de 20pc de recyclage, rappelle-t-il.
Grâce à ce programme, des progrès importants ont été accomplis dans ce domaine, s’est-il félicité, précisant que les informations publiées par le ministère délégué chargé de l’Environnement font ressortir une augmentation du taux de déchets enfouis dans les centres d’enfouissement et de valorisation, qui a atteint 37pc des déchets ménagers produits en 2014, contre seulement 10pc avant 2008.
Ce taux va atteindre 80pc après la mise en service des centres qui sont en cours de construction, a fait savoir le responsable, ajoutant que 15 centres d’enfouissement et de valorisation ont, effectivement, été réalisés entre 2007 et 2014, et sept sont en cours de construction, alors que 24 décharges sauvages sont réhabilitées au cours de cette période et 30 autres sont en cours de réhabilitation.
L’importance accordée à la limitation des déchets ménagers s’avère essentielle, surtout que, selon M. Oubalkace, la pollution d’origine urbaine constitue l’une des principales pressions que subissent l’eau et les milieux aquatiques, qui revêtent un caractère vital à plus d’un niveau. “Lorsqu’on parle des bassins hydrographiques et des nappes phréatiques, on fait allusion à l’eau qui est l’élément essentiel de ces systèmes” et qui doit être “perçue, à la fois, comme une ressource naturelle et comme un milieu vivant assurant différentes fonctions d’ordre social, économique et écologique”, a-t-il expliqué.
Les déchets solides ménagers contaminent directement ou indirectement l’eau et les milieux aquatiques, causant des pollutions physiques, chimiques, et bactériologiques de ces milieux, a affirmé le responsable, précisant que “ces déchets éliminés ou déposés d’une manière inadéquate, ou le lixiviat issu de ces déchets, finissent par atterrir directement, à travers le charriage par les eaux de ruissellement, ou indirectement, via le lixiviat, dans les milieux aquatiques, entrainant la pollution et la modification de ces milieux, et ainsi la perturbation des fonctions qu’ils assurent”.
Les déchets ménagers peuvent aussi causer l’encombrement des réseaux hydrographiques et gêner l’écoulement, ce qui accroit les risques de débordement et les phénomènes d’inondation, souligne-t-il.
Pour M. Oubalkace, endiguer la pression de la pollution d’origine urbaine sur l’eau et les milieux aquatiques reste tributaire de la jonction des efforts de tous et à plusieurs échelles. “Malgré ces acquis, des efforts importants sont à déployer, en particulier au niveau du tri, du recyclage et de la valorisation, et pour modifier les comportements et réduire la production des déchets à la source”, a-t-il conclu.

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