jeudi 20 septembre 2018

La société civile environnementale marocaine contre la gestion actuelle des déchets

QUEL CHOIX DE VALORISATION DES DÉCHETS DE LA PLUS GRANDE DÉCHARGE DU MAROC DÉCHARGE DE MÉDIOUNA?
L’évolution rapide de l’urbanisation au Maroc a très vite favorisé l’émergence de modèles de production et de modes de consommation peu soucieux de la protection de l’environnement. 

La priorité donnée par les pouvoirs publics et les décideurs locaux aux besoins de développement socio- économique des citoyens et citoyennes a damé le pas aux besoins de préservation des écosystèmes naturels et à la qualité de vie dans les villes.

Les villes d’aujourd’hui et les générations futures se sont retrouvées face à un défi de taille qu’est la difficulté de gérer de manière durable les quantités de déchets de plus en plus importantes, et dont les effets et les externalités négatives se sont révélés considérables sur l’état de l’environnement, la santé et les équilibres financiers des territoires.
Aujourd’hui, force est de constater que la gestion de la collecte des déchets au Maroc basée sur «tout en décharge», est un échec total, surtout dans les villes. Ce modèle de gestion n’est plus durable et engendre des bombes à retardement sociale et environnementale, voire constitue un des principaux freins à l’attractivité des villes pour les investisseurs et à la main d’œuvre qualifiée nationale et internationale.
Conscient de cette situation, l’ensemble des associations de la société civile environnementale nationale organisé dans le cadre de l’Alliance Marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), et sur l’initiative de ses deux membres, l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre au Maroc (AESVT – Maroc) et l’OPEMHT (Observatoire pour la Protection de l’Environnement et des Monuments Historiques de Tanger), ont mis l’accent sur les limites de l’approche « Collecte & Enfouissement » dans des décharges anarchiques ou contrôlées, tant sur le plan économique que social, sans oublier ses impacts négatifs sur la santé et l’environnement.
Les membres de l’AMCDD ont également lancé en 2017, un programme de sensibilisation, de dialogue et de communication pour mobiliser les acteurs publics et privés et pour plaider la nécessité d’abandonner le modèle linéaire de gestion des déchets solides ménagers et assimilés au Maroc, et de co-construire un modèle à même de mettre en place toutes les conditions et les lignes directrices.
pour une transition réussie vers une économie circulaire basée sur l’analyse du cycle de vie du produit, la production minimale des déchets et la valorisation de la matière première.
L’AMCDD estime que la mise en œuvre de la loi n°28.00 relative à la gestion des déchets de 2006 et le programme national des déchets ménagers (PNDM), de 2007, qui est actuellement dans sa troisième phase, a permis des avancées significatives dans le domaine de la gestion des déchets, mais sans pour autant atteindre tous les résultats escomptés, à titre d’exemple sur 72 décharges contrôlées prévues à l’horizon 2020, seules 24 ont été mises en place.
Il est également nécessaire d’élaborer une vision, une stratégie participative, des approches, des moyens et actions, adaptés et innovants, prenant en compte les spécificités des territoires, des villes, des villages et des quartiers. La mise en œuvre de cette stratégie devrait être accompagnée par un renforcement des structures institutionnels responsables de la gestion des déchets au niveau central et territorial, et des ressources humaines et matériels nécessaires, afin de développer des programmes et plans d’action à la hauteur de l’ampleur de la problématique.
A ce titre, les récents développements du dossier de collecte des déchets et l’actualité de la décharge de Médiouna de la Ville de Casablanca, la métropole économique du Royaume, a mobilisé toute l’attention de l’opinion publique et particulièrement de toutes les composantes de la société civile environnementale nationale et locale.
Pour rappel, les déchets collectés sur le territoire de la ville de Casablanca sont réceptionnés et traités sur le site de la décharge de Médiouna. La ville de Casablanca a produit en 2017 environ 1,4 Million de tonne de déchets ménagers et assimilés, pour une population de près de 3,4 millions d’habitants. Ces déchets sont enfouis à la décharge de Médiouna, située dans la commune Mejjatia Ouled Taled, par la méthode classique de l’enfouissement. Cette décharge qui génère des nuisances et des effets néfastes sur l’environnement et la santé et qui est presque saturée, sera réhabilitée et fermée.
Le conseil de la ville de Casablanca a lancé, le 25 juin, un appel international à manifestation d’intérêt (AMI) pour choisir le futur gestionnaire et une nouvelle solution technologique d’élimination des déchets de la nouvelle décharge de Médiouna (35 ha).
L’AMCDD a organisé à cet effet, plusieurs rencontres : des conférences nationales et internationales, des visites terrain, de modèles et des technologies internationales, et a plaidé pour l’ouverture d’un dialogue civil avec les pouvoirs locaux autour des options et des technologies appropriés à la gestion de la future décharge.
Dans ce sillage, l’Alliance Marocaine pour le Climat et le Développement Durable organise cette conférence de presse, pour présenter son analyse, les choix possibles et demander aux décideurs  locaux et nationaux de garantir la transparence et l’acceptabilité sociale et environnementale du choix du modèle de gestion de la décharge de Mediouna qui sera retenu dans le cadre de l’Appel international à manifestation d’intérêt, de ne pas engager l’avenir des générations futures des citoyens et citoyennes de Casablanca dans des solutions capitalistiques financièrement et désastreuses au niveau environnemental et social.

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