Rien ne se perd, tout se transforme. Cette maxime est on ne peut plus d’actualité alors que les dirigeants du monde comme les populations locales appellent de plus en plus à en finir avec la « culture du déchet ». Dans une société où tout se jette, les déchets sont un enjeu qui touche à la santé des individus et à leurs moyens de subsistance, mais aussi à l’environnement et à la prospérité économique.
La gestion des ordures ménagères est un problème universel qui concerne chaque habitant de la planète. Mais, parce que plus de 90 % des déchets brûlés ou déversés dans des décharges sauvages (a) concernent des pays à faible revenu, ce sont les habitants pauvres et les plus vulnérables qui en payent le plus lourd tribut.
On assiste régulièrement à l’effondrement de décharges (a) qui ensevelissent sous les ordures des maisons de fortune et leurs habitants. Ceux qui vivent à proximité de ces immenses dépotoirs sont généralement les habitants les plus pauvres des villes, qui vivent de la récupération des déchets et sont exposés à de graves risques sanitaires.
« La mauvaise gestion des déchets contamine les océans, obstrue les canaux d’évacuation des eaux et provoque des inondations, propage des maladies, accroît les problèmes respiratoires du fait du brûlage des ordures à l’air libre, tuent des animaux et affecte le développement économique, en nuisant par exemple au tourisme », rappelle Sameh Wahba, directeur en charge du développement urbain et territorial, de la gestion du risque de catastrophe et de la résilience à la Banque mondiale.
En outre, le (non) traitement des déchets solides contribue fortement au changement climatique : il représentait en 2016 presque 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (sans tenir compte des émissions liées au transport des ordures).
https://www.youtube.com/watch?list=PL2365BDB4784D3035&v=46OsIJdv6Gk
« La gestion des ordures ménagères concerne tout le monde. Il est indispensable de mettre en place une gestion efficace et appropriée des déchets solides pour atteindre les Objectifs de développement durable », souligne Ede Ijjasz-Vasquez, directeur principal du pôle Développement social, urbain et rural et résilience de la Banque mondiale. « Les ordures brûlées à l’air libre ou déversées dans des décharges sauvages sont nocives pour la santé humaine, l’environnement et le climat, et sont un frein à la croissance économique dans les pays pauvres comme dans les pays riches. »
Un diagnostic alarmant
Ces dangers sont connus. Et pourtant la production de déchets augmente à un rythme alarmant. Les pays se développent rapidement sans se doter des systèmes nécessaires pour faire face à l’évolution de la composition des déchets ménagers. Les villes, qui abritent plus de la moitié des habitants de la planète et produisent plus de 80 % du PIB mondial, sont en première ligne des enjeux liés à la gestion des déchets dans le monde.
Selon un rapport de la Banque mondiale intitulé What a Waste 2.0 (a), le monde produit 2,01 milliards de tonnes de déchets urbains solides par an, dont au moins 33 % ne sont pas traités correctement c’est-à-dire dans le respect de l’environnement.
Cette nouvelle publication, qui vient actualiser un précédent rapport paru en 2012, indique que le volume des déchets produits chaque année va augmenter de 70 % au cours des 30 années à venir, pour s’établir à 3,4 milliards de tonnes. En cause, l’urbanisation rapide, la croissance démographique et le développement économique.
Quelle quantité de déchets sera générée ?
Penchons-nous sur le plastique, notamment, qui pollue les océans et représente 90 % des déchets marins. Sur la seule année 2016, le monde a produit 242 millions de tonnes de déchets plastiques, soit l’équivalent d’environ 24 000 milliards de bouteilles en PET de 50 centilitres, du poids de 3,4 millions de baleines bleues ou de 1 376 Empire State Buildings. Le volume d’eau total contenu dans ces bouteilles pourrait remplir 4,8 millions de piscines olympiques ou 40 milliards de baignoires !
Or, les déchets plastiques ne représentent que 12 % des déchets produits dans le monde chaque année.
Outre un état des lieux mondial, le rapport What a Waste 2.0 dresse un diagnostic de la situation de chaque région. Il en ressort que l’Asie de l’Est-Pacifique est actuellement le premier producteur de déchets au monde (23 %). Par ailleurs, les pays à revenu élevé, qui ne rassemblent que 16 % de la population mondiale, génèrent lus d’un tiers (34 %) des déchets de la planète.
Sachant que la production de déchets continuera d’augmenter en raison de la croissance économique et démographique, ce sont les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure qui devraient connaître la plus forte progression du volume de leurs déchets. Le rapport prédit ainsi que la production de déchets sera multipliée par trois en Afrique subsaharienne et par deux en Asie du Sud, et que ces deux régions représenteront 35 % des déchets produits sur la planète en 2050. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord devrait également doubler sa production de déchets d'ici 2050.
Les pays à revenu élevé et intermédiaire de la tranche supérieure assurent globalement la collecte des déchets et, dans les premiers, plus d’un tiers des ordures sont recyclées ou compostées. Les pays à faible revenu collectent environ 48 % des ordures dans les villes et seulement 26 % dans les zones rurales, et ne recyclent que 4 % des déchets. À l’échelle mondiale, seuls 13,5 % des déchets sont recyclés et le compostage ne représente que 5,5% des ordures.
Vers une gestion durable des déchets solides
« La mise en place d’une gestion des déchets respectueuse de l’environnement concerne en réalité de nombreux aspects fondamentaux du développement », indique Silpa Kaza, spécialiste du développement urbain à la Banque mondiale et auteur principale du rapport. « C’est pourtant une dimension souvent négligée dans les efforts de planification d’un développement urbain durable, sain et inclusif. Les gouvernants doivent agir sans tarder pour les populations et pour la planète en s’attaquant à la gestion des déchets. »
La transition vers une gestion durable des ordures ménagères implique cependant des efforts de long terme et un coût considérable. La gestion des déchets représente le plus gros poste de dépenses pour nombre de municipalités ; dans les pays à faible revenu, elle représente en moyenne 20 % des budgets municipaux.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui, assurément. Les études montrent que les investissements dans une gestion durable des déchets se justifient d’un point de vue économique. Car des déchets non collectés et mal traités ont des conséquences graves sur la santé et l’environnement, et que ces effets ont un coût plus élevé que celui associé à la mise en place et à l’exploitation de systèmes de collecte et de traitement simples et adaptés.
Ce coût entraîne cependant des besoins de fonds importants. Pour y répondre, la Banque mondiale collabore avec des pays, des villes et des partenaires dans le monde entier (a) à la recherche et au financement de solutions dont l’enjeu est de renforcer le capital environnemental, social et humain.
Depuis 2000, la Banque mondiale a alloué plus de 4,7 milliards de dollars à environ 340 programmes de gestion des déchets solides à travers le monde. Voici un aperçu de ses initiatives et champs d’intervention.
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Pour familiariser le recyclage auprès des citoyens marocains et faire comprendre que les poubelles sont aussi une richesse si on les traîte différemment.
vendredi 21 septembre 2018
« Déchets : quel gâchis 2.0 » : un état des lieux actualisé des enjeux de la gestion des ordures ménagères
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